lundi 31 octobre 2011

Le Doyen (3)

Nouveau record battu dans mon arbre généalogique: j'ai trouvé un nouveau doyen (l'individu ayant vécu le plus longtemps).

Il y eut d'abord Pierre Michel POUTAS, Normand né en 1738 et mort à l'age de 86 ans et 5 mois.
Il y eut ensuite François BIGEY, Haut-Saônais né en 1774 et mort à l'âge de 88 et 2 mois.
Il y a maintenant Nicolas GÉRARD, que je vais présenter

Signature de Nicolas GÉRARD / © AD 88

Nicolas GÉRARD est mon Sosa n°558. Il est né le 23 septembre 1700 à Vagney, au pied des Vosges, fils de Dominique GÉRARD et Jeanne LA SAUCE. Il n'est pas leur premier enfant: il a par exemple un grand frère, Claude, né en 1688 (j'y reviendrai plus tard).

En 1724, Nicolas part à Rupt-sur-Moselle, à quelques kilomètres de chez lui, pour se marier à Marie ANDREUX. Au total, ils ont 16 enfants, comme indiqué sur l'acte de décès de Marie en 1780. Son mari Nicolas lui survit. Lui qui est né en 1700, sous le règne de Louis XIV, il s'éteint le 7 ventôse an II, à l'âge de 93 ans, 5 mois et 2 jours, en pleine période révolutionnaire.

Mais Nicolas GÉRARD eut une vie très simple, presque banale. Un mariage sans doute heureux, de nombreux enfants, et une vie loin d'être miséreuse. Bref, rien de surprenant. Il était laboureur. Mais c'est en étudiant sa famille que j'ai découvert quelque chose de plus surprenant.

Baptême de Nicolas GÉRARD en 1700 / © AD88

En effet, première nouvelle: le père du petit Nicolas était greffier du Ban de Vagney. Une fonction juridique qu'on ne se prépare pas à trouver quand on étudie une famille de laboureurs. Sous l'Ancien Régime, l'office de greffier pouvait s'acheter. S'il était reservé à la noblesse au Moyen-Âge, petit à petit, les gros laboureurs et les bourgeois y accèdent. C'est le cas ici avec Dominique GÉRARD, qui a surement acheté sa charge. À cette époque, un greffier s'occupe de la gestion administrative des tribunaux, convoque la population et rédige les comptes-rendus. Il s'occupe aussi de la gestion des archives.

Un poste respectable qui devait faire une certaine impression sur les voisins. Dominique GÉRARD a un fils avant Nicolas, qu'il appelle Claude. Ce Claude GÉRARD part vivre en Alsace, à Masevaux, où il épouse une fille du pays. Il a à son tour des enfants, par exemple en 1729, il donne naissance à un certain Conrad-Alexandre GÉRARD.

Conrad-Alexandre GÉRARD est donc le neveu direct de mon Nicolas GÉRARD. Se sont-ils déjà rencontrés? C'est possible. Mais vu le destin de Conrad-Alexandre, ce serait étonnant. En effet, Conrad-Alexandre GÉRARD, grand diplomate de Louis XVI, est le premier Ambassadeur de France aux États-Unis.

Conrad-Alexandre GÉRARD / © Cosmeo

Grand diplomate, il accueillit lui-même la jeune Marie-Antoinette d'Autriche en France en 1770, future Reine. En 1778, il signa avec Benjamin Franklin le traité dans lequel la France reconnaît l'indépendance des USA. La même année, il est anobli comte de Munster par Louis XVI. Mon ancêtre est l'oncle d'un comte! L'a-t-il jamais su?

En tout cas, de belles découvertes en perspective sur cette branche. Je ne m'y attendais absolument pas en travaillant sur Nicolas GÉRARD. Comme quoi, la Généalogie réserve toujours des surprises!


Sources:

mardi 25 octobre 2011

Une grande famille

Acte de sépulture de Marie Gérard / 1780, Rupt-sur-Moselle

L'Épange -
L'an mil sept cent quatre vingt le quinze janvier est décédée
à l'Épange, munie des Sacremens de l' Eglise, Marie Andreux,
femme de Nicolas Gérard laboureur au dit lieu, agée de
soixante et dix huit ans, se voyant après cinquante cinq ans
trois mois de mariage, mère de seize enfants, grand-mère de
cinquante-trois, et grand-grand-mère de vingt-deux. Le lendemain
son corps a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse en
présence de son mary et du Nicolas Gérard son fils qui ont signé.


C'est la première fois que je vois un acte de ce genre. Et par chance, Marie ANDREUX fait partie de mon arbre (Sosa n°559).

L'autre avantage, c'est que le curé situe la date du mariage de Marie ANDREUX et Nicolas GÉRARD vers octobre 1724. C'est un renseignement précieux, car le registre des mariages de Rupt des années 1720 et 1730 a disparu...

Au total, le curé (qui s'appelle GÉRARD aussi) dénombre 16 enfants, 53 petits-enfants et 22 arrières-petits-enfants, ce qui fait une descendance de 91 personnes! Du boulot en perspective pour tous les retrouver!


Sources: AD des Vosges

lundi 24 octobre 2011

Quelques signatures

En attendant la mise en ligne prochaine des Archives de la Nièvre, prévue pour novembre, et pour rebondir sur un article de La Gazette des Ancêtres concernant les signatures de nos ancêtres, je fais cet article pour suivre une famille de ma généalogie, les Mangin, à travers 5 générations.

Dès qu'on atteint le XIXème siècle, il est difficile de matérialiser concrètement nos ancêtres. Les photos sont très rares, et les descriptions qu'on peut avoir d'eux sont généralement floues. Les signatures nous permettent d'être directement "en contact" avec eux, ou du moins de connaître un peu leur personnalité. Une signature, c'est un peu de leur intimité.


Née en 1791 à Uzemain (Vosges), décédée au même endroit en 1861, à l'âge de 70 ans. Mariée 2 fois, mère de 9 enfants.
Nous sommes au XIXème siècle, dans un milieu de petits propriétaires paysans. C'est une femme, et pourtant elle sait signer. Mais la signature reste tremblante, et on devine bien que Marie Magdelaine avait une connaissance très limitée de l'écriture. C'est d'autant plus frappant quand on voit la signature de son père.



Son père, Vincent, était charron. Né en 1767, mort en 1841 à 73 ans, il a toujours vécu à Uzemain. Marié pendant la Révolution, Marie Magdelaine est la première de ses 11 enfants.
De sa signature, on repère tout de suite qu'il était familier de l'écriture. Les lettres sont bien faites, le tracé est régulier, il y a même une petite "décoration" après le "N" de la fin. Il savait sans doute lire et écrire. En comparant avec sa fille, on devine que les filles et les garçons n'avaient sans doute pas la même éducation...



Né en 1730 à Uzemain et mort à 54 ans en 1785. Il était laboureur. Marié une fois, je lui ai retrouvé 8 enfants pour l'instant. Son fils Vincent était le cinquième.
Comme son fils, il n'écrit que l'initiale de son prénom. Comme son fils, il met un point après cette initiale. Sauf que lui, il relit le "J" de "Jacques" avec le reste de son nom, en un seul trait de plume. Les autres lettres sont bien tracées, chacune à la fois, comme s'il s'était appliqué pour écrire chacune d'entre elle. Peut-être n'avait-il pas l'habitude d'écrire? En tout cas, il avait quand même de solides bases, même si son fils semble mieux maîtriser l'écriture.


Né en 1706 à Charmois-l'Orgueilleux (Vosges), il meurt en 1754 à Uzemain, à 48 ans seulement. C'est lui qui a installé la famille Mangin à Uzemain. Marié une fois, il a 8 enfants, dont Jacques est le premier.
Bien que s'appelant Jean Blaise, il ne signe que de Jean. La raison? Son père s'appelle également Jean Blaise... La signature de Jean est plus maladroite que celle de ses descendants. Il était également laboureur, mais au début du XVIIIème siècle, la maîtrise de l'écriture était sans doute moins répandue chez le petit peuple. N'empêche qu'il signe quand même d'une façon assez sûre: il devait savoir lire et écrire.


Né vers 1677, il meurt en 1733 à Charmois-l'Orgueilleux, âgé de 56 ans. Il a donné son prénom à son fils.
Sa signature est très approximative. Il fait des pâtés (mais bon, on imagine très bien que le maniement d'une plume d'oie ne doit pas être très facile!), et il n'écrit pas très droit. Les traits sont maladroits, on sent qu'il ne devait pas se servir d'une plume tous les jours. C'est peut-être ce genre de signature qui est le plus touchant, de s'avoir qu'un homme a fait de son mieux pour faire une belle signature. Il est mort il y a près de 3 siècles, et pourtant on l'imagine accrochant le papier de la feuille avec la plume, parce-qu'il la tient mal en main.