lundi 24 octobre 2011

Quelques signatures

En attendant la mise en ligne prochaine des Archives de la Nièvre, prévue pour novembre, et pour rebondir sur un article de La Gazette des Ancêtres concernant les signatures de nos ancêtres, je fais cet article pour suivre une famille de ma généalogie, les Mangin, à travers 5 générations.

Dès qu'on atteint le XIXème siècle, il est difficile de matérialiser concrètement nos ancêtres. Les photos sont très rares, et les descriptions qu'on peut avoir d'eux sont généralement floues. Les signatures nous permettent d'être directement "en contact" avec eux, ou du moins de connaître un peu leur personnalité. Une signature, c'est un peu de leur intimité.


Née en 1791 à Uzemain (Vosges), décédée au même endroit en 1861, à l'âge de 70 ans. Mariée 2 fois, mère de 9 enfants.
Nous sommes au XIXème siècle, dans un milieu de petits propriétaires paysans. C'est une femme, et pourtant elle sait signer. Mais la signature reste tremblante, et on devine bien que Marie Magdelaine avait une connaissance très limitée de l'écriture. C'est d'autant plus frappant quand on voit la signature de son père.



Son père, Vincent, était charron. Né en 1767, mort en 1841 à 73 ans, il a toujours vécu à Uzemain. Marié pendant la Révolution, Marie Magdelaine est la première de ses 11 enfants.
De sa signature, on repère tout de suite qu'il était familier de l'écriture. Les lettres sont bien faites, le tracé est régulier, il y a même une petite "décoration" après le "N" de la fin. Il savait sans doute lire et écrire. En comparant avec sa fille, on devine que les filles et les garçons n'avaient sans doute pas la même éducation...



Né en 1730 à Uzemain et mort à 54 ans en 1785. Il était laboureur. Marié une fois, je lui ai retrouvé 8 enfants pour l'instant. Son fils Vincent était le cinquième.
Comme son fils, il n'écrit que l'initiale de son prénom. Comme son fils, il met un point après cette initiale. Sauf que lui, il relit le "J" de "Jacques" avec le reste de son nom, en un seul trait de plume. Les autres lettres sont bien tracées, chacune à la fois, comme s'il s'était appliqué pour écrire chacune d'entre elle. Peut-être n'avait-il pas l'habitude d'écrire? En tout cas, il avait quand même de solides bases, même si son fils semble mieux maîtriser l'écriture.


Né en 1706 à Charmois-l'Orgueilleux (Vosges), il meurt en 1754 à Uzemain, à 48 ans seulement. C'est lui qui a installé la famille Mangin à Uzemain. Marié une fois, il a 8 enfants, dont Jacques est le premier.
Bien que s'appelant Jean Blaise, il ne signe que de Jean. La raison? Son père s'appelle également Jean Blaise... La signature de Jean est plus maladroite que celle de ses descendants. Il était également laboureur, mais au début du XVIIIème siècle, la maîtrise de l'écriture était sans doute moins répandue chez le petit peuple. N'empêche qu'il signe quand même d'une façon assez sûre: il devait savoir lire et écrire.


Né vers 1677, il meurt en 1733 à Charmois-l'Orgueilleux, âgé de 56 ans. Il a donné son prénom à son fils.
Sa signature est très approximative. Il fait des pâtés (mais bon, on imagine très bien que le maniement d'une plume d'oie ne doit pas être très facile!), et il n'écrit pas très droit. Les traits sont maladroits, on sent qu'il ne devait pas se servir d'une plume tous les jours. C'est peut-être ce genre de signature qui est le plus touchant, de s'avoir qu'un homme a fait de son mieux pour faire une belle signature. Il est mort il y a près de 3 siècles, et pourtant on l'imagine accrochant le papier de la feuille avec la plume, parce-qu'il la tient mal en main.


1 commentaire:

  1. Je trouve vraiment intéressante cette analyse réalisée à partir des liens faits entre les signatures d'une famille de votre généalogie et les données objectives.
    Je m'étais également livrée à l'exercice de ces marques du passé, qui rendent sensibles ces portraits.

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