vendredi 1 avril 2011

1636, Sébastien Perry


Archives Départementales des Vosges / Rupt-sur-Moselle


Sebastien filz de N. Parins de
La penge et Jacotte sa femme
a este bastise le 9me dudit mois
P. Delon Fresse M. Jannette
femme de Simon Cornement aussis de Maxonchamp


Voilà, c'est actuellement le plus ancien acte concernant mes ancêtres directs que j'ai réussi à retrouver. Il s'agit de l'acte de baptême de Sébastien PERRY ( Sosa n° 2564 ), en l'église de Rupt-sur-Moselle, le mardi 9 décembre 1636: il aurait eu 375 ans cette année.


La recherche généalogique dans les registres paroissiaux, déjà difficile pour les actes d'avant la Révolution, devient carrément compliquée pour le XVIIème siècle. D'abord, parce-que l'écriture est très difficilement lisible, pour un oeil novice. On parle là de paléographie. Heureusement, il existe sur Généanet un forum spécialisé sur l'entraide dans ce domaine. Pour ceux qui, comme moi, ont des soucis pour transcrire de si anciens documents, cette aide peut être très précieuse, et il faut vraiment remercier les bénévoles du forum: c'est ici.


Une fois le texte transcrit, il faut bien souvent le traduire. En effet, selon le lieu, le texte peut être écrit en latin, voire même en dialectes locaux: alsacien, flamand, patois... Et même s'il est en français, c'est un français qui date de l'époque de Molière et de Racine, c'est à dire une langue qui n'est plus de l'ancien français, mais dont l'orthographe est encore totalement aléatoire, et les tournures parfois compliquées. Par exemple, les accents n'apparaissent à l'écrit qu'en 1740, plus d'un siècle après la rédaction de cet acte. D'ailleurs, on le voit bien: a été baptisé est écrit dans le texte a este bastise.


Par chance, cet acte est en français, donc la transcription en sera plus facile. Par contre, attention! Si l'orthographe des mots n'est pas encore fixée, celle des noms de famille non plus! Ainsi, dans ce texte, on lit Sebastien, fils de N. Parins. On est donc en présence de Sébastien PARINS. Or, les actes qui suivront dans les décennies suivantes verront une modification du nom de famille, au gré des changements de curé dans la paroisse. Voici par exemple l'acte de mariage du même Sébastien PARINS, daté de 1660:






On peut y lire: Sebastien fils de Nicolas Perry de la Pange. Ainsi, 25 ans plus tard, avec un nouveau curé, PARINS est devenu PERRY. Et avec la stabilisation orthographique, tous les descendants de Sébastien auront pour nom PERRY. Ce qui peut poser un problème dans la construction d'un arbre: tous les descendants auront pour nom PERRY, mais il faut inscrire Sébastien et son père Nicolas sous le nom de PARINS. C'est, il me semble, la meilleure solution.


Au passage, avec l'acte de 1636, on doit faire face à un problème majeur: les informations données par le curé sont très succintes. Ainsi, on n'a que l'initiale du prénom du père, et la mère est seulement citée sous son seul prénom de Jacotte (charmantr, non?). Heureusement que l'acte de mariage de 1660 nous aide: ainsi, on apprend que N. est en fait Nicolas. D'où l'importance de recouper les actes entre eux. On peut par exemple rechercher tous les frères et soeurs de Sébastien, pour voir si le père est cité sous son prénom entier.


Enfin, les actes anciens peuvent poser problème avec les lieux. A cette époque, il y a peu de prénoms différents, et les noms de familles sont également peu nombreux. Ainsi, pour distinguer deux homonymes entre eux, le curé donne souvent le hameau de provenance des témoins de l'acte. Et si l'on ne connait pas très bien la région, cela peut vitre être casse-tête! Pour cet acte, comme une grosse partie de ma famille est originaire de Rupt-sur-Moselle, dans le sud-vosgien (ils ont quitté la vallée en 1913!), je reconnais assez facilement le nom des hameaux: Lépanges et Maxonchamp.


Pour l'anecdote, on voit qu'en 1660, Sébastien épouse la jeune Marie FRESSE, fille de Delon FRESSE, qui n'est autre que son... parrain! Son nom est déjà inscrit sur l'acte de baptême de 1636.



--------------------------


1636, ça peut paraître extrêmement lointain. Il est temps maintenant de replacer le petit Sébastien dans le contexte de son époque, lors de sa naissance.


Louis XIII


En France, Louis XIII est Roi depuis plus de 25 ans. Il est bien sûr assisté de Richelieu. La naissance de Sébastien, c'est l'époque des Trois Mousquetaires et de D'Artagnan. Mais d'Artagnan vient de Gascogne, alors que Sébastien est né en Lorraine, à l'opposé... D'ailleurs, en 1636, la Lorraine n'est pas française, c'est un Duché indépendant. Elle vit depuis 1625 sous le règne du Duc Charles IV. Du moins, en principe. Car dans les faits, la Lorraine est occupée (ravagée, pour être franc), par les troupes du bon Roi Louis et de ses alliés Suédois, depuis quelques années déjà. Car Sébastien est né en pleine Guerre de Trente Ans, dont la région souffrit énormément. C'est une chance qu'il ait reussi à naître et à survivre à cette époque! Et ce n'est pas exagéré: Jacques Callot a immortalisé les horreurs de cette guerre avec sa série de gravures Les Grandes Misères de la Guerre. Charles IV ne retrouvera son Duché qu'en 1659. Le XVIIème siècle n'est décidément une bonne époque pour la Lorraine! C'est d'autant plus étonnant que Louis XIII et Charles IV furent très amis quand ils étaient enfants: ils furent élevés ensemble à Paris.



Charles IV


Du côté des arts, 1636 voit la naissance de Boileau, 1 mois avant Sébastien. Le jeune Corneille publie à Paris L'Illusion comique , qui sera sa dernière comédie. Dans le domaine de la peinture, Poussin peint ses célèbres tabelaux ayant pour thème L'Enlèvement des Sabines. En musique, c'est le baroque qui domine les créations: L'Italien Frescobaldi vient de composer ses Fiori Musicali, à l'orgue.





Voilà, un petit arrêt dans mon voyage dans le temps, en attendant de remonter encore plus loin... Et vous, de quand date votre acte le plus ancien?


2 commentaires:

  1. Clairement, le XVIIème siècle complique la tâche des généalogistes qui sortent d'un XVIIIème où en règle générale on ne rencontre pas de grosses difficultés.

    Je m'arrache aussi souvent les cheveux sur des actes de baptême ou la mère n'est pas mentionnée, actes de mariage où les parents ne sont pas mentionnés, problèmes d'homonymie récurrente, etc.

    Pour ce qui est de la paléographie, l'écriture pose problème pour lire avec certitude des noms propres, pour le reste des actes (en tout cas en Français), la forme reste suffisamment standard dans la rédaction pour qu'on devine facilement les phrases, si jamais on n'arrive pas à les lire...

    Bon dix-septièmage en tout cas ! ;)

    RépondreSupprimer
  2. C'est dur, mais tellement intéressant de remonter si loin dans le temps! On va faire le mieux possible pour espérer remonter un jour au XVème siècle :-p

    RépondreSupprimer