mardi 30 novembre 2010

Abjuration d'un Luthérien


L'an mil sept cent quarante sept le jour St
André trente du mois de novembre s'est presenté
a la Porte de lEglise de Bain un Lutherien
nommé Emmanuel Georges qui apres avoir eté
suffissament instruit par la Religion Catholique
apostolique et Romaine par le Reverend pere Jean
Nepomucene Capucin predicateur du Couvent de
fontenois le Chateau en ayant recu la
permission de monseigneur de Toul dattée
du vingt cinq octobre année susditte, a
fait son abjuration, et aulieu du nom
Emmanuel on lui a donné celuy d'André
qui a eu pour parein le Sr André
Vallet propriétaire de la manufacture
Roialle dependante de Bain, et pour mareine
Demoiselle Barbe fleurent qui ont signé.

C'est la première fois que je trouve ce genre d'acte de baptême dans les registres. Mais peut-être était-ce courant?


Il s'agit de l'acte de baptême d'un adulte. Emmanuel Georges, jusqu'alors Luthérien, qui décide de revenir sur "le bon chemin" et de devenir catholique. Ce qui est étonnant je trouve, c'est que cet homme était Luthérien (créé en 1517), alors que la plupart des Français protestants étaient plutôt des Calvinistes (créé en 1536). Les 2 courants de la Réforme, d'abord autorisé par l'Edit de Nantes en 1598, avaient été interdits par Louis XIV en 1685. Il faudra attendre plus d'un siècle, pour que Louis XVI autorise les protestants à pratiquer leur culte en France, en 1787.

De toutes façons, en 1747, le village de Bains-les-Bains se trouvait à la frontière sud du Duché de Lorraine, toujours indépendant officiellement. Même si Toul, siège de l'évêché, était ville française depuis 1648. Et à cette époque, la Lorraine pratiquait la politique de la Contre-Réforme, surtout depuis le Duc Charles IV, qui réprima fortement les réformés.


Cette abjuration a eu lieu le 30 novembre 1747, il y a 263 ans tout juste... Le 30 novembre, c'est le jour de la Saint-André. C'est pourquoi ce nouveau catholique a été prénommé André... Mais aussi parce-que son parrain est André Vallet, et qu'il est coutume de donné le nom du parrain au nouveau baptisé. (Pour la petit histoire, Dom Calmet, l'historien lorrain du XVIIIème siècle qui écrivit un Dictionnaire, publié en 1756, rassemblant un article pour chaque village de Lorraine, dit, à l'article concernant Bains-les-Bains: "Cette fabrique de fer-blanc ayant passé en Lorraine en 1727 ou 28, le duc Léopold I permit au sieur Georges Puton [...] de faire cet établissement dans ses états. Elle appartient aujourd'hui au sieur Vallet, marchand à Nancy")



L'intérieur de l'église Saint-Colomban de Bains-les-Bains (Vosges)

Sources: Archives Départementales des Vosges, registres paroissiaux de Bains.

lundi 22 novembre 2010

Gonneville (Manche)

Quand j'ai commencé ma généalogie plus ou moins sérieusement, il y a maintenant quelques années, j'étais pratiquement sûr que tous mes ancêtres seraient des solides bûcherons, vivant isolés du monde dans les profondes forêts de la montagne vosgienne. C'est donc avec surprise que j'ai vu une de mes branches du côté paternel partir sans prévenir, au milieu du XIXème siècle, de l'autre côté de la France, dans la Manche, à quelques centaines de mètres seulement de la mer... Comme quoi, quand on part en généalogie, on ne sait jamais ce qui nous attend!

Gonneville est un village à l'extrême nord du département de la Manche. Il fait partie du canton de Saint-Pierre-Eglise. Aujourd'hui, il compte environ 800 habitants, répartis dans plusieurs hameaux: Valognes, les Carrières, etc... Ce qui peut surprendre dans ce village, c'est que l'église et son cimetière sont un peu à l'écart des habitations: ils se trouvent en face du chateau du village.


L'actuel territoire du village de Gonneville était déjà traversé par une voie romaine il y a 2000 ans. Comme toute la Normandie, il a subit l'invasion des Vikings, appellés Normands, dans les premiers siècles du Moyen-Âge. En tout cas, la seigneurerie de Gonneville remonte au Xème siècle: en 920, le sieur de Néhou, Richard de Saint-Sauveur, donne la paroisse de Gonneville à son fils Néel.
L'église de Gonneville se trouve à 4 km seulement de la mer. Elle est entourée par son cimetière. Je n'ai pas trouvé beaucoup d'informations à son sujet. L'église actuelle date des XIII/XIVème siècle. Elle a été remaniée au cours du XVIIIème siècle. A l'intérieur, on trouve un beau groupe polychrome et des statues datant des années 1500, ainsi qu'un maître-autel du XVIIIème siècle

Autre curiosité du village, juste en face de l'église, se dresse un magnifique chateau. La plus ancienne partie du domaine encore visible aujourd'hui date de 1311: ce sont les deux tours en pierre, construite par la famille de Courcy. Ce chateau a été construit sur les bases d'un ancien chateau médieval, aujourd'hui disparu. Ce chateau médieval a eu l'honneur de voir dormir Jean sans Terre lors de sa dernière nuit passée en Normandie, en 1203!
Le chateau a également été remanié en 1717. C'est de cette époque que date sa facade actuelle. Malheureusement pour le bâtiment, au milieu du siècle suivant, il eut pour propriétaire une certaine Dame Lambert... Elle ravagea plusieurs endroits du domaine, notamment ce qui reliait l'ancien donjon au reste du chateau. Elle pensait y trouver un trésor... qu'elle ne trouva pas, naturellement. Elle revendit le domaine en 1849, qui aujourd'hui, restauré, est transformé en chambres d'hôtes.

Naturellement, mes ancêtres n'ont jamais été propriétaires de ce chateau! Ils faisaient partie de la masse paysane du village. Pour l'instant, j'ai pu remonté jusqu'en 1689 dans les archives de Gonneville. Le 5 juillet de cette glorieuse année, alors qu'une grande partie de l'Europe vient de se mettre en guerre contre la France de Louis XIV, le jeune Michel MARION, âgé de 24 ans, épousait Olive LAUNAY, du même âge, au coeur de l'église du village.


Le couple aura plusieurs enfants, dont:
Catherine MARION (c. 1697 / 1777),qui donnera naissance à,
Pierre Michel PONTAS (1738/1825) et ainsi de suite
Françoise Suzanne PONTAS (1776/1850),
Jean-Charles MARION (1812/>1873),
Zacharie Frédéric Jean MARION (1852/>1911), qui est le premier a quitté le village de ses ancêtres, pour d'abord venir se marier dans le Calvados voisin, avant de venir s'installer dans les Vosges pour travailler dans une usine textile en cette fin de XIXème siècle.



Sources:

jeudi 11 novembre 2010

11 novembre 1918

Lundi 11 novembre 1918, 11h.00.
Sur le front, les clairons sonnent. Dans tout le pays, les cloches tintent: la guerre est finie. Après 52 mois d'enfer, les survivants vont pouvoir bientôt rentrer chez eux, voir les leurs. L'épreuve est finie. On imagine avec quel soulagement tous ces poilus ont entendu ce clairon.

Ils furent 8 millions de Français mobilisés. 1,4 million d'entre eux ne retrouveront jamais leur foyer, laissant des millions de veuves et d'orphelins. La catastrophe fut d'une telle ampleur que pratiquement toutes les familles françaises durent pleurer un mari, un frère, un père. Il est pratiquement impossible de ne pas trouver de trace de ce conflit si meurtrier dans nos généalogies.

En hommage à tous ces Poilus, je vais parler ici de 3 combattants qui partirent se battre pour la France, sans jamais revenir dans leurs familles. Justement, ils font partie de ma famille. Ma famille proche: ils étaient tout simplement les frères de mes aïeux. Trois, c'est déjà beaucoup. Et c'est sans compter les cousins, dont certains durent perdre la vie également...
Les voici:


*RICHARD Michel Eugène Arthur
-mon AAGP, j'ai déjà parlé de lui ici
-né en octobre 1887 à Vagney (88), il a 26 ans seulement quand il meurt
-marié en novembre 1910, il reconnait son petit Pierre né un an avant le mariage
-quand il doit partir en août 1914, sa femme est enceinte de 5 mois. Ce sera une petite fille
-malheureusement, il ne la verra jamais. Il meurt le 21 août 1914 à Abreschviller (Moselle)
-personne ne retrouvera jamais son corps. Un jugement le decretera mort en juin 1920.
-Il était 2ème classe aux 149ème Régiment d'Infanterie.
-Sa fiche "Mort pour la France"

*MARTIN Emile Joseph
-L'unique grand frère de mon AAGP Albert. Il avait 6 ans de plus.
-né en juillet 1881 à Ramonchamp (88), il a 37 ans quand il meurt.
-marié en octobre 1906 avec la fille de réfugiés alsaciens de la guerre de 1870.
-il meurt le 2 décembre 1918, alors que les combats sont terminés depuis un mois. En fait, il n'est pas mort lors d'un combat, mais au cours d'un accident alors qu'il était en service. On imagine la détresse de sa veuve quand elle a appris la mort de son mari, alors qu'il était sûr de rentrer chez lui, la guerre étant gagnée.
-il était 2ème Canonnier au 63ème Régiment d'Artillerie. En fait il faisait partie de la DCA, qui servait à abattre les avions allemands. Il est mort à Courcelles (Meuse)
-Sa fiche "Mort pour la France"

*DOILLON Henri Marcel
-C'était le frère aîné de mon AAGM Rose. Il avait 3 ans de plus.
-né en février 1894 à Corbenay (70), il a 20 ans tout juste quand la guerre éclate.
-il n'a même pas eu le temps d'avoir une petite fiancée avant de mourir. Il avait 21 ans seulement.
-il est mort 10 mai 1915 dans les terribles combats autour de Notre-Dame-de-Lorette, dans le Nord.
-il était 2ème classe au 17ème Régiment d'Infanterie. Son corps ne sera jamais retrouvé.
-Sa fiche 'Mort pour la France'

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Les Archives Départementales du Doubs continuent à mettre en ligne leurs fonds. En effet, sont désormais disponibles toutes les tables décénnales de l'origine à 1932, ainsi que les recensements de la population de 1906, pour les communes jusqu'à Besançon.

C'est ainsi que j'ai la joie de vous annoncer la naissance du petit BUTTET Raymond Victoire, né le 13 février 1917 à Pugey, petit village aux environs de Besançon. Le petit gamin a dû bien être fêté ce 11 novembre 1918!


Pour ceux qui veulent chercher des "proches" dans les fichiers de nos soldats Mort pour la France, voir le site Mémoire des hommes.